L’Empereur et son fils n’est pas le premier conte écrit par Catherine Pallaro. Avant ce récit qui nous transportera en Chine, l’autrice a écrit Le Jeune fille et le hibou, paru également chez Didier Jeunesse. Si ce conte est inspiré des frères Grimm, L’Empereur et son fils trouve quant à lui son origine dans le folklore chinois. Pour l’accompagner dans ce voyage, Catherine Pallaro s’est entourée de Judith Gueyfier. Cette illustratrice puise son inspiration dans les littératures du monde. Nombreux sont les récits impliquant un empereur (Le Rossignol et l’empereur de Chine, Les Habits neufs de l’empereur, etc.), en voici un nouveau au sujet original.

L’empereur et sa femme ne peuvent pas avoir d’enfants. Pressés par leurs conseillers impériaux, ils décident de distribuer des graines à tous les enfants de l’empire. L’enfant qui se présentera avec la plus belle plante sera alors déclaré leur fils. Un orphelin, aidé par son grand-père, accepte le défi mais aucune plante ne semble pousser. Désespéré et honteux, l’enfant refuse de se rendre au palais. Son grand-père l’y pousse toutefois…

Ce récit remet en question le cadre familial classique et brise le tabou de l’infertilité dans le couple. Là où, dans d’autres récits, la femme est accusée et répudiée, ici sa position est défendue et une solution alternative pour trouver un héritier au trône est proposée. La fertilité, absente du couple, est symbolisée par la graine que les enfants doivent faire pousser. Nous ressentons la réelle dimension du conte par sa grandiosité, par l’échelle des actions entreprises par l’empire et les moyens mis en œuvre pour trouver un héritier. Le fait que chaque enfant puisse essayer de faire pousser sa plante a un côté magique. Après cet épisode introductif, le récit se concentre sur un petit garçon en particulier, au destin familiale tragique. Hélas, lui aussi est touché par la stérilité car sa plante ne semble pas vouloir pousser. Il n’a aucun contrôle sur la pousse de la fleur, tout comme il n’a eu aucun contrôle sur le décès de ses parents. Nous sommes au sommet de la tragédie, et le moral de l’enfant est au plus bas. Cependant, notre petit héros se rend tout de même chez l’empereur, poussé par son grand-père. Et son humilité paie ! En effet, c’est cette qualité qui attire l’empereur et l’impératrice qui adoptent finalement l’enfant.

L’Empereur et son fils est un conte chinois mais les illustrations nous font penser à la partie occidentale de la Chine, avec des décors dignes de l’Ouzbékistan notamment. Nous ressentons l’influence des nombreux voyages qui ont inspiré et forgé l’illustratrice, notamment à travers l’architecture du palais. La notion de temps est très présente dans le récit, avec l’attente de la pousse de la plante mais aussi l’impatience des conseillers impériaux. Elle est exprimée à travers la juxtaposition de différentes images et scènes sur les grands double-pages.

Cette jolie fable nous montre que l’humilité et la persévérance sont des qualités qui seront toujours récompensées.