Nous connaissons tous ce sentiment. Nous sommes en train de rêver juste avant l’éveil et, à peine ouvrons-nous les yeux, nous oublions tout. Ce qui nous semblait proche quelques minutes plus tôt nous paraît lointain. C’est comme si les rêves avaient peur de la lumière et s’enfuyaient dès les premiers faisceaux lumineux entrant au contact de nos yeux.

Dans cet album, Clarisse Lochmann reproduit exactement ce sentiment. Les illustrations qui semblent peintes à la main reproduisent parfaitement le flou d’un souvenir. Les traits sont incertains, les couleurs franches, et l’on peut distinguer des coups de crayon à mesure que l’enfant se replonge dans son rêve. Même les traits de l’enfant ne peuvent pas être distingués, la petite fille pourrait être n’importe qui, n’importe lecteur, ce qui facilite notre identification à elle. Les images sont poétiques, comme cette double page représentant une baleine sortant de l’océan et semblant nager dans le ciel étoilé.

Même si la petite fille n’est pas parvenue à se souvenir de son rêve dans son intégralité, la reproduction de celui-ci constitue pour le lecteur un magnifique voyage onirique.