Arbristoires est un livre-disque publié par la maison d’édition Didier Jeunesse, en partenariat avec le département de la Seine-Saint-Denis. Il met en avant le parc départemental du Sausset qui se trouve à Aulnay-sous-Bois et Villepinte, dans le 93. Le parc représente un véritable poumon en région parisienne, avec ses 2 km² de superficie. Il est presque aussi grand que Central Park à New York qui, lui, fait 3,41 km². L’ouvrage est porté par Laurent Azuelos, botaniste au musée d’histoire naturelle. Ce scientifique est également un artiste complet et réalise des animations en forêt. Cet album met à l’écrit et en musique les récits qu’il partage avec les habitants de la Seine-Saint-Denis. Les images narrées par l’auteur prennent vie grâce à l’illustratrice Izou. C’est Aurélie Sureau, musicienne, qui réalise avec Laurent Azuelos les performances sonores.

Lors d’une balade dans un espace naturel, tous nos sens sont mis en éveil. L’ouïe, avec le son des feuilles qui bruissent dans les arbres, les brindilles qui craquent sous nos pas et le chant des oiseaux. Il y a l’odorat, avec les fleurs, la résine des arbres et le pétrichor après la pluie. La vue, avec les verts feuillages et les couleurs des animaux. Le toucher de l’écorce de l’arbre, etc. Arbristoires cherche à reproduire cette expérience visuelle et auditive de balade en forêt.

Chaque texte de l’album a son style et son identité propre. Ils sont parfois longs, parfois courts, parfois poétiques, parfois factuels. Les récits pour le cerisier, le charme ou encore le peuplier font penser à de petits poèmes par leur imagerie et leur sonorité. L’histoire du hêtre ressemble à un conte, et celle du bouleau retrace son histoire. Si je devais choisir, je dirais que mes préférées sont l’Aubépine avec cette belle citation “Précieusement, la Folie a cueilli l’Amour et, main dans la main, l’a guidé sur le chemin. Depuis ce jour, on dit que l’amour est aveugle.” qui retrace le voyage des émotions. L’histoire du Noyer a une structure intéressante, toute en boucle. C’est un animal qui avale tout cru un autre animal, qui se fait avaler, etc. La construction cyclique de l’histoire donne un côté amusant à l’aventure de l’enfant. Arbristoires est construit de telle manière qu’on peut aisément lire et écouter une histoire par soir. Chaque page contient un nombre de lignes important et les plus jeunes se trouveront peut-être impressionnés par la quantité à lire et nécessiteront l’accompagnement d’un adulte. Certaines phrases sont toutefois mises en exergue ce qui permet à l’enfant de parfois prendre le relais dans la lecture. L’accompagnement audio du livre garantie aux enfants une certaine indépendance. Cet audio, mêlant récit et musique, nous permet de nous projeter facilement dans l’action et de bien comprendre les descriptions. Certaines chansons peuvent devenir de véritables hits à la maison !

Les illustrations sont quant à elles variées et hautes en couleurs. On reconnaît bien la signature graphique d’Izou. Cette illustratrice était déjà familière avec la conjonction d’un récit écrit et de l’audio grâce à sa collaboration avec l’actrice Bérénice Bejo et Charlotte Courtois sur le livre Le Fabuleux voyage d’Arwenn aux éditions Les Braques. On reconnaît son style qui s’inspire des cultures du monde.

Ces 17 histoires sont une tradition orale couchée sur le papier. Elles doivent être d’autant plus intéressantes récitées directement par Laurent Azuelos, parmi les arbres du parc de Sausset. Cet ouvrage est une ode à ce parc mais également à tous les espaces naturels de France.